Présenté dans les festivals internationaux du film en 1998, le documentaire, Woubi Chéri, réalisé par Laurent Bocahut et Philip Brooks, se concentre sur les vies de Woubis*, Yossis**, et d'autres membres de la Branché*** en Côte d'Ivoire. Ce documentaire primé a été présenté dans plusieurs festivals de cinéma et sur de nombreuses plateformes documentaires. Le film a reçu le prix du meilleur documentaire au festival du film lesbien, gay, bisexuel et transgenre de New York, au festival international du film lesbien et gay de Turin et au festival transgenre de Londres.

Peu de temps après Woubi ChériLa libération de Barbara (nom complet non divulgué pour des raisons de sécurité) de l L'Association des Travestis de Côte d'Ivoire (Ivory Coast Transvestites Association)qui est l'une des personnes interviewées dans le film, a émigré en France. Peu à peu, l'énergie de l'association a diminué et on n'a plus vu de signes de son activisme militant. On suppose que la raison en est le complexe industriel à but non lucratif, qui a vu le financement de l'activisme s'orienter de plus en plus vers le VIH/SIDA dans le contexte des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes), ce qui a effacé tous les efforts déployés par l'association pour lutter contre le VIH/SIDA. Woubis.
Les Woubis (et les travestis) ne peuvent pas être automatiquement considérés comme transgenres ou revendiquer spécifiquement la terminologie occidentale. Les Woubis existaient bien avant que des informations sur la diversité des genres ou la non-conformité au genre ne soient disponibles sur Internet et dans les médias sociaux. Grâce à la recherche et au documentaire Woubi Chéri, il est devenu évident que la communauté Branché et la communauté Woubi ont un éventail de genres et de sexualités beaucoup plus large que le système binaire occidental. Ils sont les hors-la-loi du genrepour ainsi dire.
Selon un article universitaire intitulé "Violence, exclusion et résilience chez les travestis ivoiriens" par Matthew Thomann et Robbie Corey-Boulet,
"Parmi les minorités sexuelles et de genre en Côte d'Ivoire, les travestis sont définis comme des individus nés anatomiquement masculins qui vivent comme des femmes à temps plein ou à temps partiel. Les travestis font l'objet d'une stigmatisation et d'une violence plus sévères que les minorités sexuelles dont la normativité du genre leur permet d'éviter l'attention indésirable. En outre, ils ont toujours été mal desservis par les groupes de défense des droits des minorités sexuelles ivoiriennes, qui se sont efforcés de prendre leurs distances avec les travestis, les présentant comme des personnes imprudentes et indiscrètes. Dans cet article, nous examinons dans quelle mesure l'isolement des travestis s'est atténué à la suite des violences post-électorales qui ont suivi l'élection présidentielle de 2010 en Côte d'Ivoire. Nous montrons comment les travestis ivoiriens sont devenus de plus en plus vulnérables suite à la mise en place d'une nouvelle armée nationale qui s'est avérée plus hostile à leur égard. Nous montrons également comment, suite aux abus commis par l'armée à l'encontre des travestis, les militants des minorités sexuelles non-travesties sont devenus de plus en plus conscients du sort des travestis et ont pris des mesures pour les inclure dans leurs programmes. Ces militants peuvent également avoir été motivés par l'intérêt croissant des donateurs internationaux pour les questions relatives aux transsexuels. Enfin, nous examinons dans quelle mesure les nouveaux programmes relatifs aux droits de l'homme et au VIH/sida ont permis aux travestis de s'incarner dans de nouvelles positions, alors qu'ils sont confrontés à des identifications reflétant les identités occidentales trans-spectrales".
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* Les Woubis sont des garçons efféminés qui jouent le rôle de la femme ou de l'épouse dans la relation.
** Les Yossis sont les hommes ou les maris de la relation. Ils peuvent être bisexuels et/ou mariés et avoir une famille tout en étant dans une relation avec un Woubi.
** Branché est un terme local dont la signification n'est pas largement comprise par les personnes hétérosexuelles et cisgenres de Côte d'Ivoire et qui est utilisé par les minorités sexuelles et de genre pour se décrire elles-mêmes et les unes les autres.
